J’ai appris leur arrivée rapidement, car le propriétaire de notre édifice est aussi notre client, et ce client (Le groupe D Resto) opère, ici à Chicoutimi, des franchises dans les régions du Saguenay, de Charlevoix et de Québec. Ses propriétés comptent des franchises telles que Mikes, Scores, Bâton Rouge, La Belle et la Boeuf, Entre-Côte Riverin et, depuis peu, Starbucks. Ils étaient fiers d’amener ce commerce au centre-ville et j’étais content pour eux.
Depuis la dernière année, beaucoup de nouveaux commerçants ont élu domicile au centre-ville de Chicoutimi et j’adore voir arriver de nouveaux espaces qui dynamisent ce secteur commercial. C’est un milieu que j’affectionne particulièrement : je vis à 5 minutes du centre-ville; j’y ai implanté mon entreprise il y a 7 ans; et je m’y implique à différents niveaux, principalement en tant qu’administrateur de l’association des commerçants des centres-villes de Chicoutimi depuis 6 ans.
Quelques jours avant l’ouverture du Starbucks, le vendredi matin d’une semaine bien remplie, une jeune fille est venue nous rendre visite pour nous offrir du café. C’était une belle attention de ce nouveau voisin qui allait ouvrir ses portes dans quelques jours; un nouveau membre de la famille du centre-ville de Chicoutimi. Ce nouveau commerce du secteur venait nous dire bonjour et nous offrir un peu de réconfort en cette journée grise d’automne. Pour être honnête, c’était la première fois qu’un nouveau voisin venait se présenter et nous faire essayer son produit. Good job de marketing. J’ai adoré le contact humain et la proximité que nous avions.
En bons milléniaux, nous aimons partager ce que nous vivons. Pas trop, mais de temps en temps, quand quelque chose d’intéressant nous arrive. Nous avons donc publié une photo de ce moment en commentant que nous avions bien hâte que le nouveau café ouvre ses portes. Depuis que nous sommes actifs sur les réseaux sociaux, nous avons toujours partagé des moments agréables que nous vivions. Souvent, ces partages impliquaient un commerçant.
Je n’ai pas encore rendu visite à mon nouveau voisin, mais je me souviens, en début de semaine, avoir marché sur la rue Racine et aimé l’image que projetait ce logo de renommée mondiale sur notre bâtiment. J’avais l’impression que nous étions dans une grande ville et j’étais fier de voir notre milieu grandir.
Une semaine après la publication, un bon ami du secteur écrit un commentaire disant que nous aurons probablement plus de chances de faire le site Internet d’un café local que celui de Starbucks.
Naïvement, j’avais complètement oublié de penser aux autres cafés du secteur. Certains sont là depuis longtemps, d’autres depuis peu, et l’arrivée de ce nouveau joueur les inquiète assurément. Tout à coup, je me sens coupable envers eux. Si un ami avait pris le temps de venir écrire ce commentaire une semaine après sa publication, c’était assurément que le sujet soulevait des discussions.
De nature émotive, je devenais inquiet : est-ce que les gens pensent que nous faisons ce genre de publication pour avoir des mandats de conception de sites Internet ? Les commerçants du secteur sont-ils contrariés par la visibilité que nous avons accordée à cette grande marque, alors qu’elle n’en a probablement pas besoin ?
Ce jour-là se tenait enfin le party « d’été » que nous n’avions pas encore eu le temps de faire. Toute l’équipe était emballée, mais moi, j’avais du mal à apprécier le moment, car le commentaire me tourmentait. Cette fameuse journée d’équipe, nous l’avons débutée à l’Escaparium Saguenay. Nous sommes ensuite allés prendre une bière à L’Érudit Café, manger au Summum et la soirée s’est terminée au bar L’Appartement. Une magnifique journée, en équipe, passée dans notre centre-ville. La semaine dernière, je suis allé au nouveau restaurant L’Assorti avec ma conjointe. Aux Menus plaisirs, j’ai aussi rencontré des touristes Français qui cherchaient un endroit pour prendre un chocolat chaud. Nous les avons dirigés vers le Café Cambio. Chaque mardi, après mon cours de yoga, je vais me chercher une boîte à lunch à l’Hôtel Chicoutimi. Samedi dernier, pour l’anniversaire de ma belle-mère, nous avons commandé du Temaki.
Je pourrais continuer encore longtemps, car je capote sur mon centre-ville. Je l’aime d’amour et je suis de ceux qui valorisent et qui encouragent au maximum tous les commerçants du secteur.
Comme individus, mais aussi comme entreprise, on nous juge par les marques que nous valorisons. Est-ce que nous aurions dû nous garder une petite gêne avec notre publication qui prenait le temps de dire bienvenue ? Je ne pense pas, car c’était un moment agréable qu’on a eu envie de partager spontanément. C’était un moment avec un nouveau voisin qui mérite sa place autant que les autres. Ce sont des gens d’ici qui y travaillent; c’est une entreprise d’ici qui a investi dans notre centre-ville et a élu domicile sous notre toit.
Je pense qu’une entreprise, peu importe son statut ou sa notoriété, mérite d’être accueillie par les gens de son secteur. Nous ne sommes pas en train de délaisser les autres. Au contraire, chacun nous apporte quelque chose d’unique; chacun occupe un espace qui lui est propre et une place importante dans nos vies et celle du centre-ville.
Notre milieu ne cesse de grandir et je souhaite réellement qu’il poursuive sa croissance, sans pour autant nuire aux commerçants déjà en place, bien sûr. Plus notre offre sera diversifiée et intéressante, plus nombreuses seront les entreprises, comme Ubisoft, qui choisiront le centre-ville de Chicoutimi pour s’y établir et offrir un milieu de vie stimulant et dynamique à leurs employés.
Bienvenue dans mon centre-ville – notre centre-ville – celui dans lequel nous avons décidé de nous établir… tous ensemble.